Crop top, mom jean, chouchous…
Le retour de hype des nineties

Dans les nineties, ce sont Brandon, Brenda, Kelly, Donna, Steve et Dylan qui donnent le ton de la mode.

On raconte qu’à l’issue de la diffusion de chaque épisode, les teenagers se ruaient dans les boutiques pour copier au détail près la tenue de leurs idoles. Soit ? Des pantalons en jean délavé carotte, des t-shirts basiques, des chouchous dans les cheveux, des robes mini. Beverly Hills 90210 a marqué toute une génération.

L’histoire pleine de strass et de paillettes des jumeaux, Brenda et Brandon, qui, débarqués de leur Minnesota natal, atterrissent dans le quartier huppé de Beverly Hills. De rencontres en amitiés, ils forment une bande de potes soudés qui se dispute, s’aime, rompt, s’interroge, au fil des 10 saisons, 294 épisodes, qui tiendront en haleine le monde entier entre 1990 et 2000 jusqu’à ce que les personnages principaux quittent le lycée pour devenir des adultes, et nous avec…

Suivent les pop stars qui secouent (un peu) et féminisent le look propret des séries tv. Britney Spears en jupe mini-mini, pompons rose dans les cheveux, crop top et lingerie apparente, remue son booty dans les couloirs de son lycée en hurlant “Baby one more time”.

1. Les Spice Girls en 1997, CC 4.0, Melanie Laccohee / 2. Britney Spears en 2003

Plus british, plus sexy, la déferlante Spice Girls imprime la mode des nineties d’imprimés léopards, looks sporty-sexy et make-up criard, revendiquant un «girl power» dont les ados de la décennie s’emparent aussitôt, à grands renforts de punchlines efficaces : Who do you think you are, Don’t go wasting my precious time, I was the best thing you’d ever had… Gentillet mais devenu culte.

• Les Spice Girls
• Britney Spears
• Winona Ryder
• Kate Moss
• Les super models, Cindy Crawford, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Christy Turlington, Linda Evangelista…
• Courtney Love
• Vanessa Paradis

1. Vanessa Paradis, muse babydoll des 1990’s / 2. Winona Ryder, icône trashy smart

Le hip-hop, né dans les seventies au Bronx NYC n’a pas dit son dernier mot. Après la vague new school des eighties, rythmée par Run-DMC et LL Cool, les nineties voient émerger Public Enemy, Beastie Boys, De La Soul, MC Hammer ou A Tribe Called Quest. La discipline se popularise, alors que « Ice Ice Baby » de Vanilla Ice est le premier single hip-hop à se classer dans le Billboard US en 1990. À la télévision, c’est le look coloré de Will Smith dans le Prince de Bel-Air qui donne le ton d’une mode moins underground, plus accessible.

Les 90’s consacrent la mode de niche “Kinderwhore” (littéralement « enfant-putain »), déclinaison féminine du look grunge dont Courtney Love, épouse de la légende Kurt Cobain du groupe Nirvana, est l’égérie. Précurseures de la tendance Manga, ses adeptes adoptaient, au milieu des années 1990, des robes babydoll cradisées, déchirées, longues chaussettes jusqu’aux genoux, boots en cuir et make-up dark dégoulinant. On est loin des looks proprets des personnages lisses de Beverly Hills !

Une féminité exacerbée, volontairement crasseuse, parfois licencieuse, que ses partisanes, emmenées par Kat Bjelland des Babes in Toyland, revendiquent féministe.

1. Ci-dessus : Courtney Love, CC 2.0 Tom Edwards / 2. Kat Bjelland, Babes in Toyland vers 1992, CC 3.0 Hoff Entertainment

• Alerte à Malibu (1989-1999)
• Sauvés par le Gong (1989-1993)
• Beverly Hills (1990-2000)
• Le Prince de Bel-Air (1990-1996)
• Hélène et les garçons (1992-1994)
• Friends (1994 – 2004)

Décennie de paradoxes, les nineties voient cohabiter – s’affronter – une mode extrême et minimale.

Au milieu des années 1990 déferle le look “cyber”, paré de vêtements futuristes qui empruntent leur coupe à l’univers indus, taillés dans de nouveaux matériaux techniques comme le néoprène ou les microfibres. C’est le royaume de la démesure et de la science fiction, à l’orée de l’an 2000, inspiré de films à succès comme Total Recall (1990), Mars Attacks (1996), Independance Day (1996), Le Cinquième Élément (1997) ou Matrix (1999). Une tendance incarnée par Alexander McQueen, John Galliano et Thierry Mugler.

1. Alexander McQueen 1996-97 / 2. Thierry Mugler 1995

À son opposé exactement émerge une mode minimaliste qui pose les bases d’une conscience durable et responsable, en devenir. Les Eighties flamboyantes, à la prospérité insolente, laissent place à une décennie plus sombre, qui s’ouvre sur une récession. Un courant fashion réfute le matérialisme, l’ostentatoire pour prôner « l’antifashion », le minimalisme et le modernisme. Ses chantres ? Les néo-créateurs japonais Izumi Ogino, Yoshiki Hishinuma, Junya Watanabe et les « Six d’Anvers », dont Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck ou Dirk Bikkembergs, tous formés à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, qui s’inspirent de la mode japonaise pour designer un prêt-à-porter, émancipé de la haute couture, tout en retenue.

1. Ann Demeulemeester 1997 / 2. Dries Van Noten, 1998

• Tom Ford
• Alexander McQueen
• Gianni Versace
• John Galliano
• Thierry Mugler
• Tommy Hilfiger
• Calvin Klein
• Ralph Lauren
• Marc Jacobs

Ci-dessus, les deux séries cultissimes des nineties en denim allover : Friends et Beverly Hills.

Le jean est incontestablement LE textile des nineties. En cause ? La révolution lycra, une fibre synthétique qui rend le denim élastique. Bye bye craquage, déformation, inconfort. Les femmes adorent et en font aussitôt leur nouvel uniforme urban.

Le Levi’s 501, c’est l’icône d’une génération. Ce jean mythique, créé par Levi’s au crépuscule du XIXe siècle, explose dans les nineties qui plébiscitent sa taille droite, ses cinq poches et sa braguette à boutons, immédiatement identifiable à ses surpiqûres oranges, ses rivets en cuivre et sa petite étiquette rouge arrimée à la poche arrière droite qui le distingue de la concurrence.

En 1985, c’est le spot conçu par l’agence Bartle Bogle Hegarty qui fait exploser les ventes. Dans une laverie automatique, le “stonewashed” est balancé, avec des pierres, dans le tambour d’une machine tandis que le sexy Nick Karmen attend, en sous-vêtements, que le jean soit délavé. Un carton (+80% des ventes au Royaume-Uni au cours de l’année suivante) qui assied la dominance du 501 au cours de la décennie qui arrive.

Le denim enlace toutes les gambettes. Peu importe la coupe, tant qu’il y a la matière. Mom (façon Brenda dans Beverly Hills), short taille haute (façon Mariah Carrey dans Dreamlover), baggy (comme TLC dans Waterfalls) ou salopette (comme Rachel dans Friends), …

1. Les Spice Girls en 1996 / 2. Brenda (Shannen Doherty), Beverly Hills

C’est la mode des ventres à l’air. Le crop-top est LE must-have des 1990’s. Haut perché, il dévoile généreusement le nombril qui flirte avec la taille très haute du pantalon, short ou jupe du moment.

Les filles s’arrachent aussi les bodys et autres débardeurs, moulants et échancrés, qui contrastent avec la taille loosy de leur denim. L’inspiration ? Cindy Crawford hotissime dans la désormais mythique pub Pepsi qui affole la mi-temps du Super Bowl en 1992. Mais aussi le Blond Ambition Tour culte de Madonna qui, dès 1990, sacralise le corset à seins pointus dessiné par Jean-Paul Gaultier.

Coup de frais ? On s’enveloppe dans une veste en jean taillée large ou dans un coupe-vent XL aux couleurs pop.

Ci-dessous : la veste en jean des nineties portée par Drew Barrymore et Madonna.

Ci-dessus : les emblématiques plateform shoes, portées (2) par Baby Spice (Emma Bunton, Spice Girls)

C’est la grosse tendance de la décennie. La plateforme se glisse sous toutes les chaussures, baskets, escarpins, sandales, tongs (oui… tongs !), portées indifféremment par les filles et les garçons. Les Buffalo, les Creek, les Vans, les Skechers ou les Air Max 90 s’arrachent.

Autre tendance, la basket plus « low-profile » qu’on porte avec un jean et un t-shirt XL siglé, comme la Nike Cortez, la Reebok Pump ou la Converse.

Côté rock, les modeux plus alternatifs plébiscitent, eux, les Dr Martens.

Ci-dessus, le « chocker », collier ras-du-cou sublimé par Vanessa Paradis et Kate Moss.

Sans hésitation, le collier choker est l’accessoire-symbole de la décennie. Il se porte façon fin ruban en velours ou faux tatoo, un méli mélo de brins très fins qui collent à la peau du cou comme un tatouage. Jamais démodé, Kendall Jenner ou Lily Rose Depp (qui ne fait que reprendre le 90’s-dada de sa maman Vanessa Paradis) en ont fait leur signature.

Mais les nineties ne négligent pas pour autant le pendentif, qui s’orne d’un invariable sigle « Peace and Love » ou yin and yang, de smileys (et oui, déjà) ou de mini-tétines colorées.

Le bracelet ne se limite plus au poignet et migre sur d’autres parties du corps : autour du haut du bras (façon reine égyptienne) ou autour de la cheville, coquetterie chouchou des étés nineties.

Prédominance du crop-top oblige, le piercing de nombril s’accroche à tous les bidons, dans le trend de celui de Britney Spears.

Ci-dessus : Le chouchou #wtf (coucou Alyssa Milano et Sarah Jessica Parker)

La queue de cheval est haut perchée et attachée par un chouchou dodu aux couleurs criardes… ou comme Britney, chouchou toujours (façon fourrure rose s’il vous plaît), en duo, accroché à deux tresses hissées sur le haut du crâne.

C’est aussi la décennie de la casquette de sport, colorée voire criarde à large visière, parfois relevée, et portée sur le côté.

C’est aujourd’hui la tendance mode qui ne s’essouffle pas. Les années 1990 excitent l’imagination des créateurs. Vetements, Off White, Balenciaga, Marc Jacobs, Balmain, … : les DA les plus créatifs du moment puisent depuis plusieurs saisons dans ce vivier intarissable, alternant sportswear, jeans boyfriend, shoes à plateaux, croptop et couleurs criardes…

Pour se confectionner un look 90’s pimpé au goût du jour, on fait confiance aux it-girls qui en ont fait leur dada fashion, emmenées par Kendall Jenner, Gigi Hadid, Lily Rose Depp, Rihanna ou Leandra Medine. Ou comment twister une pièce rétro forte avec les tendances actuelles.