La saga Valentino
60 ans de chic à l’italienne
Volumes de tulle, dentelles raffinées, bustes piqués de plumes et de pierres précieuses : la robe Valentino, c’est une robe de princesse. Popularisé par Jackie Kennedy dans les sixties, Monsieur Valentino sera de tous les red carpets. Avant de céder les clés de la maison au duo hyper créatif Chiuri – Piccioli. Le rouge Valentino et la dolce vita demeurent, twistés par une bonne dose de street culture. Retour sur une saga de mode légendaire qui nous fascine depuis soixante ans.
Nous sommes en 1968. Il pleut des trombes sur l’île grecque de Skorpios et le monde entier semble y voir un signe. Qu’il est difficile d’accepter que l’éternelle First Lady de l’Amérique se remarie. Qui de plus est avec un milliardaire à la vie sentimentale tumultueuse, de 23 ans son aîné. Ce jour de 1968, Jackie Kennedy épouse Aristote Onassis, dans une robe blanche dessinée par son ami Valentino. Coupe droite, col montant sobre, coupée au-dessus du genou, délicatement ouvragée de dentelles.
Valentino Garavani revient sur la création de la « georgette dress » créée pour le mariage de Jackie Kennedy en 1968
Jackie en Valentino Haute Couture 1967
Après être passé chez Jean Dessès et Guy Laroche, Valentino Garavani a créé sa maison en 1960 mais il n’est plus un outsider. Hollywood a déjà repéré ses robes d’une élégance folle à une époque où la Dolce vita de la Cinecitta est l’objet de tous les désirs. Elizabeth Taylor ou Audrey Hepburn s’arrachent les créations romantiques du designer romain. Et Jackie, bien sûr. Qui dès 1964, après avoir quitté la Maison Blanche, commande au créateur six robes haute couture de la collection qu’il est venue présenter à New York. Le goût de Jackie est un repère. Et ce jour de 1968, sur l’île de Skorpios, la Maison Valentino entre dans la cour des grands. Et ne la quittera jamais.
LE ROUGE VALENTINO
La Princesse Diana en 1997
Interprétation 2019 du red valentino par Pierpaolo Piccioli
« Pour la Maison Valentino, le rouge n’est pas seulement une couleur. C’est une marque éternelle, un logo, un élément iconique, une valeur. »
Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli, Interview Magazine 2015
Le designer a le chic du choc visuel. Son rouge Valentino, présenté pour la première fois en 1962, à l’occasion du défilé inaugural de la toute jeune maison à Florence, devient légendaire. Rouge vif, comme celui du coquelicot, on ne voit que lui. Et dès qu’il s’anime sur le corps d’une femme, pas de doute, c’est du Valentino.
DES ROBES DE PRINCESSE
Un coup de pub et de maître, qui ne transige jamais sur l’élégance. Ce rouge criard habille des robes d’une élégance folle. L’ADN de la maison se dessine : Valentino devient synonyme du chic opulent à l’italienne.
« Parfois, je rêve de robes. Alors j’allume la lumière de ma table de nuit et je dessine. »
Valentino Garavani, The Talks 2011
Car la robe Valentino, c’est celle à laquelle toutes les petites filles ont rêvé, sculptée de volumes, de plissés, de drapés, de dentelles transparentes, de motifs floraux ouvragés, de pierres précieuses. Du glamour monumental que l’ultra-sophistication n’effraie pas, qui se pare de plumes et de fourrure opulentes.
C’est la robe idéale de tous les red carpets et on ne compte plus les actrices strarissimes qui l’ont arborée. Qui a oublié Julia Roberts dans sa robe bicolore (Haute Couture F/W 1992) couronnée Meilleure actrice aux Oscars de 2001 ?
« Moi je crée des robes de princesses, pas des « chemises de nuit » avec un voile. »
Valentino Garavani, L’Express Styles 2014
Julia Roberts en Valentino reçoit l’oscar de la Meilleure Actrice en 2001
Lady Gaga en Valentino au Venice Film Festival en 2018
L’ÈRE CHIURI – PICCIOLI
Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli en 2016
Valentino Garavani, Sofia Copola, Maria Grazia Churi et Pierpaolo Piccioli en 2016
En 2008, le maestro se retire et remet les clés de la Maison au duo en charge des accessoires depuis 1999. Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli sont passés par Fendi et ce couple d’amitié est depuis inséparable.
Lorsqu’ils reprennent la direction artistique de la vénérable Maison, ses chiffres sont dans le rouge. Le duo injecte de la modernité à la belle endormie tout en respectant les codes fondateurs. Et les ventes s’envolent. Valentino affiche bientôt une insolente croissance à deux chiffres.
« Nous avons créé une nouvelle vision de Valentino. Nous n’avons jamais oublié notre héritage, mais nous l’avons fait évoluer avec nos sensibilités. »
Pierpaolo Piccioli, Grazia 2015
Valentino Spring 2017 par Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli
Valentino F/W 2020 par Pierpaolo Piccioli
En 2016, Maria Grazia Chiuri est la première femme nommée directrice artistique de Dior. Pierpaolo Piccioli reste seul aux commandes, pour la première fois en près de vingt ans. « Mon processus est beaucoup plus intuitif, plus émotionnel. Lorsqu’on travaille à deux, on doit parvenir à un consensus, donc tout est beaucoup plus réfléchi. Lorsque je travaille seul, les choses sont plus directes. », confie-t-il à Numéro.
Il poursuit sa lente (r)évolution. Valentino s’infuse d’une bonne dose de street culture. Des perfectos rock-couture, des rangers, des baskets, des pantalons oversize, des trainings, des accessoires cloutés, portés par des mannequins « inclusives » de tous les âges, tous les genres, toutes les origines, tous les corps.
Mais la flamboyance italienne reste, les robes sculpturales aussi. Tout comme ce red valentino comme un phare dans une mode qui donne le tournis. Valentino n’a pas fini de faire rêver les petites filles…
DATES-CLÉS
1932
Naissance de Valentino Clemente Ludovico Garavani à Voghera en Italie
1949
Après l’Académie des arts de Milan, se forme à la Chambre syndicale de la couture parisienne
1950
Entre chez Jean Dessès
1955
Entre chez Guy Laroche
1960
Revient à Rome et crée Valentino
1962
Premier défilé couture au Palais Pitti de Florence
1978
Premier parfum Valentino
2008
Le couturier Valentino Garavani quitte la maison. Alessandra Facchinetti en prend la direction artistique
2009
Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccoli, à la tête des accessoires, accèdent à la direction artistique des collections femme, homme et haute couture.
2016
Maria Gazia Chiuri est nommée à la tête des collections femme Dior. Pierpaolo Piccioli reste seul à la tête de la Maison.
Site officiel : valentino.com